Les bioressources
Les bioressources utilisées pour le bâtiment proviennent de trois grandes filières : la filière sylvicole, la filière agricole, et la filière du recyclage. Les bioressources communément valorisées pour le bâtiment en France sont présentées ci-dessous.
Le bois (hors bois d’œuvre)
Si le bois d’œuvre utilisé en structure est souvent listé à part des autres filières de construction biosourcées, la fibre de bois ou les copeaux de bois font partie intégrante des filières biosourcées pour le bâtiment. La fibre de bois est utilisée pour la fabrication de panneaux rigides ou semi-rigides – la France compte 3 acteurs majeurs fabricants d’isolants de fibre de bois – et les copeaux de bois sont principalement intégrés dans les bétons de bois comme granulats (charge), dans les panneaux de particules, et parfois utilisés comme isolant en vrac.
Le chanvre
La culture de chanvre française représente plus de 16 000 ha, ce qui fait de notre pays le premier producteur d’Europe. Le bâtiment constitue le 2è débouché de la fibre de chanvre, qui est utilisée dans le bâtiment en tant que laine d’isolation (panneaux semi-rigides ou isolant vrac). La chènevotte (la partie ligneuse de la tige de chanvre) est utilisée pour fabriquer des bétons de chanvre qui remplissent une fonction d’isolation ou de remplissage de parois. Elle peut aussi être utilisée comme isolant en vrac. Près de 50 000 tonnes de chènevotte sont produits au niveau national, dont 7 000 environ serviront comme granulat pour le béton de chanvre.
Le lin
A l’instar du chanvre, le lin est valorisable en totalité (fibre, anas, graine, etc.) et trouve des débouchés dans différents secteurs d’activité (alimentation, textile, bâtiment, paillage horticole, litière, composites…). Les anas de lin (l’équivalent de la chènevotte pour le chanvre), issues de la partie ligneuse du lin située derrière la fibre, sont obtenus par le broyage-teillage qui la transforme en petites particules. Des développements sont en cours pour valoriser les anas de lin dans du béton (béton d‘anas de lin). Les fibres sont valorisées dans le bâtiment en panneau isolant semi-rigide et en sous-couche pour parquet.
La paille de céréales
Utilisée traditionnellement en mélange avec de la terre (le torchis) ou pour les toitures en chaume, la botte de paille est désormais utilisée comme matériau de construction lorsqu’elle remplit un certain nombre de critères dictés par les Règles professionnelles de la Construction paille (parmi lesquels les dimensions (hauteur 37cm et largeur 47cm), la masse volumique comprise entre 80 et 120 kg/m3, et la teneur en eau inférieure à 20%). La paille provient des cultures céréalières généralement proches du lieu de construction et est directement vendue par l’agriculteur à l’artisan ou au maître d’ouvrage. Des entreprises spécialisées et des charpentiers proposent aussi des caissons et murs préfabriqués bois remplissage paille.
Le miscanthus
Les produits à base de miscanthus pour le bâtiment sont encore en développement. Les applications en perspective sont similaires à celles du chanvre ou du lin : granulat pour des panneaux agglomérés, des bétons ou encore de l’isolation en vrac. Des développements sur les composites, la fabrication de panneaux légers et en Suisse les bétons banchés ont aussi vu le jour. Le gisement de miscanthus est relativement faible : il constitue environ 7000 ha en 2020 (france-miscanthus.org). Ainsi, s’il existe une filière nationale constituée autour du miscanthus via France Miscanthus, le marché actuel s’oriente plutôt vers l’énergie (biocombustible), la litière et le paillage.
La laine de mouton
La laine de mouton constituait le revenu principal des éleveurs de moutons jusqu’en 1950, or les fibres synthétiques et de coton l’ont fortement concurrencé lorsqu’elles sont entrées sur le marché. Les coopératives lainières ont par ailleurs contribué à faire chuter le prix de vente pour les envoyer en grand volume vers la Chine ou le Japon par exemple. Les tontes trop grossières pour l’industrie textile peuvent être utilisées pour la fabrication des isolants. Après lavage, la laine est traitée contre les mites et le feu. Elle est utilisée en vrac ou assemblée en panneau semi-rigide ou en rouleau. Elle est aussi utilisée comme sous-couche de parquet.
Les oléagineux
Huile de colza pour la fabrication de membranes d’étanchéité, paille colza ou de tournesol pour les bétons… les co-produits d’oléagineux valorisés pour la bâtiment sont encore relativement anecdotiques, mais des développements sont en cours (notamment sur les bétons).
Le liège
Le chêne liège est peu disponible en France. Néanmoins, il offre des caractéristiques spécifiques que d’autres isolants biosourcés n’ont pas, notamment en raison de son imputrescibilité. L’écorce du chêne, réduite en granules, est utilisée pour la fabrication du liège expansé. Les granules sont chauffés avec de la vapeur d’eau pour qu’ils se dilatent, et s’agglomèrent entre eux grâce à l’action de leur propre résine. L’air ainsi enfermé dans le liège expansé lui confère ainsi son pouvoir isolant. Il est utilisé pour l’isolation en panneau rigide ou bien en vrac.
Paille de riz
Coproduit de la riziculture qui n’est valorisé dans aucun autre secteur, la paille de riz a trouvé un débouché dans le bâtiment avec la production de panneaux semi-rigides. Aujourd’hui, seule une petite part de la production annuelle de paille issue de la riziculture camarguaise est valorisée et les marges de manœuvre sont importantes.
Herbe des prairies
Disponible en vastes quantités et peu valorisée, l’herbe trouve désormais une application dans le bâtiment comme panneau isolant semi-rigide. Après avoir été coupée et lavée, l’herbe subit une défibrillation et les fibres de cellulose sont séparées des composants digestibles pour être utilisés pour la production de biogaz ou bien pour l’alimentation animale.
Le papier recyclé
Le papier ou carton recyclé – généralement des invendus de presse ou des chutes – est broyé, ignifugé et défibré pour aboutir à de la ouate de cellulose. Les usines des fabricants, réparties sur l’ensemble de la France, s’approvisionnent en papier localement, la ressource étant disponible un peu partout sur le territoire. Elle est principalement employée dans le bâtiment comme isolant vrac, et de façon plus rare en panneaux d’isolation semi-rigides. Utilisée depuis plus d’un siècle dans des pays aux variations de température extrêmes comme le Canada ou la Finlande, la ouate de cellulose est l’isolant en vrac le plus répandu en France.
Le coton recyclé
Première fibre textile mondiale, elle offre un potentiel de « récupération » important. En France, les vêtements usagés sont collectés par conteneurs, puis triés : ils sont soit revalorisés dans l’habillement ou bien valorisés dans le bâtiment comme produit isolant en panneau semi-rigide ou vrac, et également en panneau acoustique.